TCHERNOBYL
IL FAUT SAUVER LE SOLDAT PELLERIN
Le lobby nucléaire s’est mobilisé dès le mois de mars 2006 ! Un mois avant le fatidique anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, et sentant venir l’hallali du directeur du SCPRI, il devenait urgent de vanter ses mérites et son courage !
Un « Appel à solidarité » fut donc lancé à la presse nationale par Monsieur André PELLEN, « ingénieur de l’Exploitation du Parc Nucléaire d’EDF en retraite », comme il se présente, afin de palier à « la puissante logistique de communication antinucléaire est déjà disposée en ordre de bataille sur un théâtre d’opérations ô combien privilégié : la France. »
Pour ce faire, il expliquait : « la démarche va émaner d’un collectif créé pour la circonstance, baptisé « vérité Tchernobyl », dont je me propose d’être à la fois le porte-parole et le maître d’ouvrage : première semaine d’avril 2006, au plus tard, je me chargerai d’adresser nominativement ledit appel aux directeurs de toutes les rédactions listées à la fin du document. »
Pour ce faire il fallait des signataires connus, reconnus. Il les a trouvé !
En novembre 2005, certains scientifiques ont cru opportun de rédiger une lettre dans le journal Libération dans laquelle les signataires prenaient les Français, malades d’un cancer de la thyroïde, pour « des otages d’un lobby anti-nucléaire et juridico-médical », Monsieur André PELLEN n’avait plus qu’à utiliser le nom de ces brillants scientifiques :
Professeurs et docteurs :
Ansquer.C ; Artus. JC ; Aubert.B ; Bardet.S : Bedig.G : Berriolo -Riedinger.A : Bok.B ; Bourguet.P ; Brenot -Rossi.I ; Bussy.E ; Caraille.B ; Cavarec.M ; Chauvot.P ; Colas-Linhart.N : Courret.I ; Darcourt.J ; Dauge.MC ; Devaux.JY ; El -Etr.M ; Esquerre.JP ; Fajon.O ; Giammarile.F ; Goulard.DM ; Grall.Y ; Gremillet.E ; Guillemard.S ; Hindié.E ; Le.Cloirec.J ; Legendre.S ; Liviu.D ; Lussato.D ; Marchandise.X ; Maszelin.P ; Maublant.J ; Morel.O ; Moretti.JL ; Mundler.0 ; Pasquier.J ; Pelletier.JL ; Puech.B ; Rapin.JR ; Schvartz.C ; Segard.T ; Somma.C –Talbot.JN ; Toubert.ML ; Tubiana.M ; Vitaux.F ; Wagner.A ; Walker.F
Ainsi que des personnalités des domaines scientifique, socio-économique et socioculturel :
Henri Lehn. Fondation Louis de Broglie ; Dominique Vignon. ; Jacques Bourdillon. Ingénieur Général Honoraire des Ponts et Chaussées ; José Romélé. Vice-Président de WONUC France ; Alain De Tonnac. ; François Poizat.
Toutefois, les voir à présent oser comparer « Tchernobyl en Tchern-Outreau » ne manque pas d’humour. Devrons-nous seulement leur rappeler que, finalement, nous avons vu la Vérité éclater, alors, permettez-nous de nous porter en « Tchern-Outrés » !
L’« Appel à solidarité » rédigé par Monsieur PELLEN pour son « vérité Tchernobyl », ne manque ni d’humour, « toute instrumentalisation préméditée aurait, en effet, bien du mal à aggraver un discrédit médiatique de la communauté nucléaire – du professeur Pellerin, en particulier – déjà aussi profond et ancien qu’injuste, ni de culot, la signature de nos « Nobel », des représentants du corps médical, du haut encadrement présent et passé d’EDF et de personnalités de référence, comme Henri Métivier de la SFRP, donnerait un relief particulier au caractère solennel de l’appel. »
« On se demande laquelle des deux opprobres - avoir favorisé le brouillage concerté d’un débat national essentiel, au moins sur le plan sanitaire, ou s’être rendue complice du lynchage médiatique et politique du professeur Pellerin, serviteur intègre de l’Etat - entachera-t-elle le plus durablement l’honneur de la corporation ? »
Tout d’abord, il faut rappeler les procès gagné par le Professeur PELLERIN. Indispensable pour son honneur !
- Condamnation formelle, en 1999, de Michelle Rivasi par Tribunal de Grande Instance de Paris, pour lequel la diffamation du professeur Pellerin était avérée, mais ne pouvait donner lieu à sanction par ce tribunal saisi à tort et, par là même, incompétent.
- Condamnation, le 22 septembre 2004, par la cour de cassation, en confirmation des condamnations en appel et en première instance, du sieur Jacquemin, « ex-trésorier de l’A.R.C », pour diffamation du professeur Pellerin.
- Sanction en termes, motifs et procédures exactement identiques de Noël Mamère en 2002.
Tout d’abord, ce courrier me diffame « Jacquemin ex-trésorier de l’ARC », ce qui n’a rien de surprenant de la part du lobby nucléaire, au moment où paraît mon 4ème livre sur le sujet :
Tchernobyl : Cachez ce nuage que je ne saurais voir…
(Éditions Guy Trédaniel)
Préfacé par le professeur Dominique Belpomme
Et un autre livre auquel j’ai participé en tant que co-auteur avec :
Galia Ackerman, Guillaume Grandazzi et Frédérick Lemarchand ont rassemblé les témoignages et analyse de : JC. Autret, B. Boussagol, P. Chevtchouk, M. David-Jougneau, M. Fernex, M. Gorbatchev, D. Grodzinski, G. Hériard-Dubreuil, H.-P. Jeudy, G. Lochak, L.Noualhat, V. Nesterenko, H. Ollagnon, V. Symaniec et A. Yarochinskaya.
Les silences de Tchernobyl : l’avenir contaminé
(Éditions autrement)
Diffamez, diffamez, il en restera toujours quelques chose…
Ce courrier ne manque d’ailleurs pas d’humour puisque parmi les signataires on retrouve l’ancien Président d’honneur de l’ARC, Monsieur Maurice TUBIANA, qui à ce titre était membre du Conseil d’Administration de l’association qui a « fermé les yeux », pour reprendre sa propre expression lors d’une émission de télévision, sur la gestion du président Crozemarie jusqu’à ce que l’affaire éclate au grand jour. Je ne peux imaginer qu’il ait été averti que l’on utilisait son nom pour ce courrier car il est évident qu’il peut témoigner que je n’ai jamais été trésorier, ni même salarié de cette association.
Après avoir contacté par téléphone Madame Claire SCHVARTZ (lundi 3 avril – 8 H 25), soi-disant signataire de l’appel solennel à la presse française, j’ai appris qu’elle n’était pas informée de ce courrier et que son nom a été utilisé sans son autorisation par Monsieur André PELLEN.
Par l’intermédiaire de mon avocat, Maître Pierre LUMBROSO, j’ai décidé de poursuivre immédiatement devant la Justice Monsieur André PELLEN. Ce dernier a reçu un procès verbal d’huissier le 1er juin 2006 de la SCP BERTON de Bandol.
Résultat de l’opération Il faut sauver le soldat PELLERIN :
Le sieur, pour reprendre son expression, PELLEN est poursuivit en justice et le sieur PELLERIN est à présent mis en examen ce qui nous permet d’apprendre les « manipulations de M. PELLERIN » concernant les rapports de l’Académie des Sciences sur le sujet Tchernobyl ! Les écoutes téléphoniques indiquent que Pierre PELLERIN déclare à la collaboratrice de son avocat, Maître Georges HOLLEAUX, avoir « rédigé à 98 % et que ses collègues Coursaget, Galle et Paulin prennent sur leur entière responsabilité… Ils ont fait un travail de relecture. Toute la partie technique, c’est moi qui l’ai faite et je ne signe pas pour la bonne raison que si j’avais signé, - l’article - n’aurait pas été accepté. »[1]
Le plus drôle, c’est que j’ai perdu le procès parce que le tribunal a retenu le document de l’Académie des Sciences comme pièce principale….
Alors nous allons nous retrouver devant la justice ! Car utiliser l’Académie des Sciences pour gagner un procès avec un document signé par des scientifiques de renom alors qu’on l’a écrit à 98 %, ce n’est pas très glorieux…
Bravo Monsieur PELLEN ! N’avez-vous pas écrit : « L’Histoire jugera et ne manquera pas de sanctionner le journalisme français contemporain avec d’autant plus de sévérité qu’il n’aura pas su se ressaisir et reconsidérer une unanimité d’appréciation de l’évènement par trop suspecte, pendant qu’il le pouvait. Non seulement il le peut encore, mais il le devrait plus que jamais, dans l’intérêt de notre démocratie. » ?
L’histoire va juger, Monsieur !
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*****
***
*
Je vais à présent répondre aux allégations écrites par le sieur PELLEN dans son courrier :
« À quand l’expertise publique d’un mythe, qui pourrait bien révéler une vaste manipulation médiatique ? » Demande-t-il ?
Mais à quand « une expertise publique honnête qui révèle les manipulations de certains lobbies ? » Pourrions-nous demander.
Monsieur André PELLEN, « ingénieur de l’exploitation du parc Nucléaire d’EDF en retraite », comme il le précise, nous apprend ainsi qu’ « À quelques rares exceptions près, la presse française – acquise par vocation historique à cette dialectique idéaliste et réfractaire aux choses de la science – a depuis longtemps choisi son camp en ouvrant massivement ses colonnes et ses plateaux « télé » aux contempteurs de la radioactivité artificielle. »
Pourtant, force est de rappeler que la presse française a, jusqu’au 10 mai 1986, « avalé » toutes les informations en provenance du SCPRI dirigé par le professeur PELLERIN !
Devons nous rappeler le fameux : « Ça ne menace personne ! Sauf, peut être, dans le voisinage immédiat de l’usine, et encore, c’est surtout dans l’usine que je pense que les Russes ont admis qu’il y avait des personnes lésées ! » claironné au journal d’Antenne 2 le 29 avril ? Cette déclaration rayonnante prend toute sa valeur 20 ans après, lorsque les Etats de l’ex-Union soviétique reconnaissent des centaines de milliers de morts dues à cette catastrophe.
Sans oublier : « Il faudrait imaginer des élévations 10.000 à 100.000 fois plus importantes pour que commencent à se poser des problèmes de santé publique. »
Nous verrons que dans notre pays, les organismes d’État tels que l’IPSN devenu IRSN infirment, à présent, les déclarations du professeur PELLERIN, qui continue à nier comme le confirme le « serviteur intègre de l’Etat » par sa déclaration faite à l’AFP le 11 octobre 2000, à la suite du procès en diffamation gagné contre Noël Mamère : « Si c’était à refaire, je redirais ce que j’ai dis à l’époque à l’AFP : Le nuage est arrivé sur la France, mais il n’est pas dangereux. »
Oser écrire à propos de la presse française : « La défaillance manifeste de son souci d’investigation, de son esprit critique, de sa déontologie, voire de son éthique professionnelle, amène régulièrement sophismes, idéologie et sensationnalisme à rivaliser de mauvaise foi devant micros et caméras comme dans les pages de la presse écrite, contribuant à accréditer les clichés les plus extravagants » ne manque pas d’humour !
C’est certainement pour cela que Monsieur PELLEN a choisit comme type de police pour son texte « comic » !
Monsieur André PELLEN, n’a sans doute pas prit connaissance des conclusions des rapports des experts Paul GENTY et Gilbert MOUTHON parues dans la presse en mars et décembre 2005 et ordonné par la juge d'instruction Marie-Odile BERTELLA-GEFFROY, en charge de cette information judiciaire depuis juillet 2001, concernant « le serviteur intègre de l’Etat » :
Premières conclusions le 25 mars 2005, une réponse est donnée à la fameuse question : « L'État français a-t-il, en avril 1986, délibérément caché les informations relatives à la radioactivité émise par l'accident de Tchernobyl et qui s'est déposée sur le territoire français ? » Le constat sur le comportement des autorités est sévère et plus particulièrement pour le SCPRI dirigé par le professeur Pellerin.
On apprend ainsi que : « Le SCPRI avait pleinement connaissance du dépassement quelquefois très important des valeurs de la radioactivité. » Les auteurs du rapport relèvent également que « les cartes qui ont été fournies par le SCPRI sont inexactes dans plusieurs domaines. »
Ils observent que « Le SCPRI n'a visiblement pas restitué toutes les informations qui étaient en sa possession aux autorités décisionnaires ou au public (...). Les risques de contamination ont toujours été niés ainsi que l'irradiation de la population avec, pour conséquence, l'absence de toute prophylaxie et en particulier l'absence d'administration d'iode. »
Rapport définitif le 23 novembre 2005 : Messieurs Paul GENTY et Gilbert MOUTHON rendent leurs conclusions générales. La presse s’en empare :
« Il apparaît clairement que le SCPRI a eu connaissance très rapidement de toutes les données précises de son réseau et de celles qu’il avait demandé d’urgence à différents organismes concernant la contamination radioactive de la France (métropole et Corse) et ceci pour la plupart des isotopes radioactifs, et en particulier l’iode131, l’iode132, le tellure132, le césium134 et le césium137. Ces informations étaient interprétables et géographiquement localisées. »
« La restitution par le SCPRI de ces informations aussi bien aux autorités décisionnaires qu’au public n’a été ni complète, ni précise et certaines valeurs ont été occultées. »
« La publication de valeurs moyennes par département, par région, voire par partie du territoire était de nature à masquer la réalité d’une contamination localisée à certaines zones. »
« Dans l’état actuel de nos investigations, il apparaît clairement que le SCPRI a eu connaissance très rapidement de toutes les données précises de son réseau et de celles qu’il avait demandé d’urgence à différents organismes concernant la contamination radioactive de la France (métropole et Corse) et ceci pour la plupart des isotopes radioactifs et en particulier les iodes131, iode132, le tellure132, le césium134 et le césium137. »
« Ces informations étaient interprétables et géographiquement localisées.
« Il est également connu par le SCPRI que, pour les iodes, les résultats étaient obtenus sur certains filtres qui n’en retenaient qu’une petite partie, minorant ainsi fortement les valeurs réelles des contaminations par les iodes 131 et 132. »
« La restitution par le SCPRI de ces informations aussi bien aux autorités décisionnaires qu’au public n’a été ni complète, ni précise et certaines valeurs ont été occultées. »
Et dire que le professeur PELLERIN déclarait à François RAOUX, journaliste au Quotidien de Paris, le 24 avril 1987 : « Il y a un parti pris de désinformation de la part des adversaires du nucléaire et une véritable cabale contre le SCPRI affirmant que celui-ci cachait des informations, c’est répugnant. Le nucléaire pourrait servir de modèle pour les autres nuisances. »
« La publication de valeurs moyennes par département, par région, voire par partie du territoire était de nature à masquer la réalité d’une contamination localisée à certaines zones ultérieurement dénommées « tâches de léopard », et liées aux conditions météorologiques – en particulier la pluviosité- et au relief. »
« Mon service est le seul qui dise des choses raisonnables. Il est la cible de malhonnêtes qui font de la subversion. Il a été reconnu par l’OMS comme le plus compétent pour coordonner les mesures de radioactivité sur le plan mondial. » Déclarait le professeur PELLERIN à Philippe BORDES de Lyon-Nucléaire le 25 avril 1988.
« En cet état, la présence en quantité d’isotopes radioactifs dangereux, surtout dans la première quinzaine de jour après le passage des nuages, en particulier pour les fœtus et les enfants en bas âge, a été masquée aux autorités décisionnaires du pays. »
Voilà pour le « serviteur intègre de l’État »
« La contamination radioactive du territoire français et de ses écosystèmes »
Non seulement, il est aisé de prendre connaissance sur le site de l’IRSN des taux de contamination du territoire français, certains endroits sont contaminés à plus de 40 000 Bq/m2, dans le Jura, dans le Haut-Rhin ou en Corse, sans parler de certaines zones du Mercantour contaminées à plus de 314 000 Bq/kg soit plus de 800 000 Bq/m2 comme le signale le rapport de l’IPSN de 1997, mais le CEA de Saclay a trouvé du plutonium et du strontium de Tchernobyl dans ses filtres à air début mai 1986, comme je le signale dans mon livre Cachez ce nuage que je ne saurais voir.... qui vient de paraître.
Dans un document du SERNAT (Service d’études et de recherches radioécologiques dans les milieux naturels de l’IPSN) – Bulletin de liaison de janvier 2000 – on apprend par les auteurs que les dépôts d’iode 131 allaient jusqu’à 610 000 Bq/m2 dans certaines régions du Sud de la France.
Dans un courrier en date du 8 décembre 1986, Monsieur François COGNE, directeur de l’IPSN (Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire reconnaissait concernant une jeune enfant de Balagne : « Avec une consommation de 1 litre de lait par jour ou de son équivalent en fromage frais de 200 grammes, on aurait délivré à la thyroïde d’un enfant de d’une dizaine d’année une dose de 9 rem » Soit 6 fois la limite annuelle de 1,5 rem !
Le directeur de l’IPSN de l’époque doit-il être démenti par « ingénieur de l’exploitation du parc Nucléaire d’EDF en retraite » ?
Dans un courrier en date du 22 octobre 1987, Monsieur Roland Masse, Président de l’OPRI (Office de protection contre les Rayons ionisants) répond à la demande de la CRII-Rad concernant les échantillons de terre prélevés « en divers secteurs des Alpes », il précise :
« Je vous prie de bien vouloir considérer ma réponse plutôt comme un avis que comme une prescription (...) En ce qui concerne les échantillons en votre possession, exception faite de ceux que vous classez dans le troisième groupe, tous les autres échantillons doivent donc être considérés comme très faiblement ou faiblement radioactifs et ne peuvent être éliminés sans respecter certaines procédures.(...) Pour les déchets dits de catégorie A, faiblement radioactifs (>100 Bq/g de césium 137), le centre de stockage de surface de l'ANDRA de Soulaines peut les accueillir. »
« Pour les TFA (Très Faible Activité) de courte ou moyenne période radioactive, aucune solution spécifique n'est actuellement à la disposition des producteurs ou détenteurs. (...) Deux solutions s'offrent à vous : soit constituer un site d'entreposage provisoire déclaré, soit vous adresser à l'ANDRA en vue éventuellement d'assimiler ces déchets TFA à des déchets de catégorie A »
Traiter la terre des Alpes en déchets nucléaires se passe de commentaire !
Nouveau mensonge par omission :
« Doit-on avoir l’honnêteté de rappeler la radioactivité naturelle du corps humain… comprise entre 8000 et 10000 Bq. » Et ????
Pas d’autres explications ni commentaires du retraité, c’est dommage ! Son « honnêteté » a donc des limites que je vais combler. L’activité du corps humain est due au potassium (K 40) pas au césium ni à l’iode radioactif du nuage de Tchernobyl !
Il ne faut jamais comparer numériquement ces deux sortes de becquerel, 10 % des becquerels de potassium 40 (K 40, radioactivité naturelle principale en Corse) émettent 1 gamma, alors que 86 % des becquerels de césium 137 sont émetteurs de gamma. Il est ridicule d’assimiler la pollution au césium 137, élément radioactif artificiel, à l’irradiation naturelle due au potassium 40 dont on relève généralement un taux de 6 000 becquerels dans le corps humain. En outre, quoi que naturel, ce dernier est tenu pour responsable de 3 à 4 % des cancers spontanés aux Etats-Unis.
Comme on le constate facilement, les Français et les journalistes sont volontairement trompés sur la réalité des faits et des conséquences à l’époque.
Les Français ont été contaminés en césium tel que ce jeune appelé du contingent qui faisait son service national dans la marine à Brest, dans un sous-marin nucléaire. Surprise du médecin militaire du Service de Protection Radiologique des Armées qui découvre sur le corps humain de ce jeune homme un taux tout à fait inhabituel de 1 450 becquerels de césium 137. Ce jeune appelé est originaire du canton de Sénones(1), où l’on a retrouvé les marcassins radioactifs en 1997, sa famille qui raffole des champignons en consomme de grandes quantités. Le père grand amateur de champignons est lui aussi contaminé ; seule la soeur du jeune homme ne présente pas de contamination en césium, mais elle ne mange jamais de champignon.
La dose très importante du jeune homme implique que l'armée prévienne l'OPRI qui réalisa immédiatement une enquête. Pour Monsieur Masse; Président de l'OPRI, : « Je peux néanmoins vous préciser que la totalité de l'activité corporelle mesurée (cristal INa) était de 1 450 Bq, ce qui n'exclut pas que la quantité totale initiale ingérée soit de l'ordre de 5 000 Bq. »
Mais ce taux : « ne posait aucun problème sanitaire, mais qu'il avait en revanche un grand intérêt pour la recherche. » Les taux relevés chez le père du jeune garçon, de 2 000 à 3 000 becquerels selon la préfecture, de 5 000 à 6 000 becquerels selon l’OPRI, doivent être comparés avec ceux relevés chez les individus après le passage du nuage de Tchernobyl. À Paris, un individu adulte de 70 kilos atteignait 210 becquerels de césium137.
À Grenoble, là où les résultats étaient les plus importants, ce même individu présentait une contamination de 1 100 becquerels. Aujourd’hui, le taux « normal » auquel on peut s’attendre chez l’homme en France est de 50 à 100 becquerels.
Martin Schlumberger spécialiste en médecine nucléaire à l'hôpital Gustave Roussy de Villejuif déclare : « Personne n'est capable de prédire les effets du césium. Une fois ingéré, il se répand dans toutes les cellules de l'organisme. »(1)
Pourtant, les autorités avaient une parfaite connaissance de la contamination de la population par les analyses faites sur le personnel des CEA :
Elles se distinguent en trois périodes :
- La première période, les dix premiers jours du mois de mai. Une étude quantitative systématique par des mesures secondaires a eu lieu à Cadarache sur une trentaine d'agents volontaires. Le 2 mai, la charge thyroïdienne moyenne des agents du centre était évaluée à 6 nCi d'iode 131. Le rapport indique : « Les premières constatations reflètent une incorporation par inhalation des radionucléïdes volatiles, de période effective courte. » (Page 2)
- La seconde période, allant jusqu'à la fin du mois de mai : « a permis de mettre en évidence, chez la plupart des agents mesurés, des spectres dit "sales" en raison de la présence de traces non quantifiables de diverses retombées encore présentes à cette époque et bien identifiées par ailleurs. (...) les spectres témoignent d'un début d'incorporation par ingestion. »
- La troisième période allant de juin à mi-novembre : « a permis de recueillir des observations beaucoup plus significatives. En effet nous avons constaté sur les spectres l'apparition progressive d'une charge corporelle en césium 134 et en césium 137. D'abord détectable sur une fraction du personnel mesuré, elle est à l'heure actuelle généralisée, d'autre part le niveau de cette charge a régulièrement été augmenté au cours du temps et semble avoir atteint actuellement un plateau. » (Page 3)
D’autre part, comme me l’a précise le Professeur Aurengo, dans une interview pour mon livre Tchernobyl aujourd’hui les Français malades : « À la fin de l’année 1986, tous les patients a qui je faisais passer un examen anthropogammamétrique montraient une charge en césium. »
*****
Nouveau mensonge par omission :
« L’impact radioactif du nuage de Tchernobyl, en termes de doses, sur la population française est consensuellement de l’ordre de 0,1 mSv, en moyenne, et la controverse la plus âpre ne revendique jamais plus de 0,2 mSv pour quelques zones régionales très localisées. Ce qui, au passage, place notre pays loin derrière la Grèce, à 0,6 mSv, l’Allemagne et l’Italie à 0,4 mSv. »
C’est oublier volontairement, là encore la suite !
Le rapport final de la Commission d’orientation concernant le Plan National Santé Environnement du 12 février 2004 reprend page 44 les indications fournies par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) : « L’exposition liée aux retombées de l’accident de Tchernobyl correspond aujourd’hui à une dose annuelle de 0,015 mSv pour les populations vivant dans les départements de l’Est de la France les plus touchés. Pour des cas extrêmes correspondant à des modes de vie très particuliers, la dose annuelle pourrait encore atteindre 1mSv. » On estime ainsi que l’exposition moyenne de la population française est de l’ordre de 4 mSv. Il est donc important de souligner que pour des personnes « correspondant à des modes de vie très particuliers, la dose annuelle pourrait encore atteindre 1mSv » l’exposition liée aux retombées de Tchernobyl, 1 mSv, représenterait un surplus de 25 % de dose !
*****
Cancers de la thyroïde et faibles doses
« Or, le nombre des cancers thyroïdiens des enfants, dont la thyroïde est pourtant beaucoup plus radiosensible que chez l’adulte, est resté stable dans notre pays. Les enquêtes médicales de Champagne-Ardennes et de Franche-Comté, publiées en 2001, en attestent. »
A – Cancer de la thyroïde
Les allégations du retraité de l’exploitation du parc nucléaire d’EDF sont pour le moins surprenantes :
1° Il n’y a pas de registre général des cancers de la thyroïde en France !
2° Le seul qui existe et qui soit réellement exhaustif est celui de Champagne-Ardenne crée par le docteur Marie-Joëlle Delisle à l’Institut Jean Godinot de Reims. Crée en 1966, il avait donc une antériorité de 20 ans en 1986. Madame Delisle, secondée par Claire SCHVARTZ qui a prit sa succession lors de sa retraite, a publié ses résultats de la décennie 1986-1996 dans le Masson 1996. Annales d’Endocrinologie (Paris) 1996 57, 41-49, et non en 2001, preuve d’une certaine ignorance ; ils sont éloquents :
PÉRIODES
|
|
1975-1985
|
|
1986-1996
|
âge
|
5 à 9 ans
|
10 à 14
|
15 à 19
|
5 à 9 ans
|
10 à 14
|
15 à 19
|
nombre
|
1
|
1
|
4
|
2
|
3
|
12
|
incidence
|
-
|
0,13
|
0,49
|
0,16
|
0,47
|
1,71
|
CMT exclus
|
0
|
1
|
4
|
0
|
3
|
10
|
incidence
|
-
|
0,13
|
0,49
|
-
|
0,47
|
1,3
|
Comme elle me l’a confirmé pour une interview dans mon livre Ce fameux nuage… Tchernobyl la France contaminée, préfacé par Théodore Monod : « Les cancer de la thyroïde ont triplé chez les enfants, doublé chez les hommes et augmenté de 30 % chez les femmes. »
Chez les adultes :
|
|
1975-1983
|
1984-1992
|
Incidence/100.000/an
|
M
|
1,04
|
2,05
|
|
F
|
4,99
|
6,39
|
Mortalité/100.000/an
|
M
|
0,24
|
0,21
|
|
F
|
0,35
|
0,33
|
Les tableaux publiés par InVS ne sont pas moins éloquents :
En ce qui concerne l’étude réalisée en Franche-Comté, elle est loin d’être exhaustive comme le reconnaît le docteur Martial OLIVIER-KOEHNET certains malades ont pu se faire soigner à Paris ou ailleurs et nous n’avions pas les moyens de les connaître. Mais, il se hâte de rajouter : « Pour autant, ces conclusions sont portées dans un contexte très précis (une région : la Franche-Comté, une classe d’âge : 0-14 ans, une période d’étude : 1980-1998) et ne sauraient être généralisées hâtivement. »
Pour le professeur Jean-François VIEL, responsable scientifique de l’étude et directeur du Département d’information médicale à l’Hôpital Saint-Jacques de Besançon : « l’augmentation de 3 à 5 cas dans cette région ne permet de tirer aucune conclusion, par contre, si l’on passait de 300 cas à 500 cas à l’échelon national, là, ce serait différent. »
Nous ne pouvons que constater le résultat :
- 3 cancers pour la période 1980-1989 pour 2 399 208 habitants,
- 5 cancers pour la période1990-1998 pour 1 942 847 habitants.
*****
Nouveau mensonge en profitant de l’ignorance des interlocuteurs :
« On trouve une croissance identique du nombre des cancers thyroïdiens dans beaucoup d’autres pays, en particulier aux Etats-Unis qui n’ont pas été affectés par l’accident. »
C’est montrer une parfaite ignorance ou une volonté délibérée de désinformation de la part de Monsieur André PELLEN que d’affirmer pareille contre vérité.
Le 6 mai 1986, le nuage arrive au Québec, où il sera observé dans l’air jusqu’au 21 juin.[2] Les analyses indiquent la présence de césium137 et césium134 de ruthénium103 et 106, d’iode131, de niobium95, de zirconium95. L’eau de la rivière Chaudière est analysée, elle indique une concentration de 74 Bq/m3 en iode131. L’iode est également détecté dans le Saint-Laurent, le Saint-Maurice analysés le 8 mai 1986 et dans la rivière Richelieu analysée le 21 mai. Le National Water Research Institute Canada Center for Inland Waters confirme la présence de césium 137 et 134, ainsi que de zirconium95 dans l’eau de pluie et les échantillons de neige collectés dans divers endroits du Canada.
Tout comme il sera retrouvé après un voyage de 18 000 kilomètres en Pennsylvanie (USA), où l’eau de la rivière Delaware est analysée par le Département de l’Environnement de l’Université de Pittsburgh ainsi que le sol, l’herbe et le lait. On y relève, 14 jours après l’explosion, de bas niveaux de produits de fission nucléaire, tels que l’iode131, le césium137.[3]
Conséquences sanitaires aux États-Unis :
Déclaration de Ernest J. STERNGLASS, Professeur émérite de physique nucléaire à l'université de Pittsburgh, spécialiste des faibles doses, dans une interview du 15 juin 1986 accordée à Manfred KRIENER et Bernhard MOGGE, le professeur explique qu'il existe aux États-Unis des rapports mensuels sur le taux des naissances et de mortalités infantiles émanant du gouvernement et que fort de ces documents, on peut voir ce qui ce passe :
« L'accident de Tchernobyl s'est produit le 26 avril 1986. Dans la période de mai à novembre, 1.400 enfants de plus sont décédés aux USA. La mortalité dans son ensemble a connu un plus de 30.000 décès. Normalement le taux de mortalité recule chaque année de 4 %. Et maintenant, justement, ce taux de mortalité n'a pas diminué après Tchernobyl. C'est comme au temps des essais atomiques effectués à la surface de la terre, quand la courbe de mortalité n'a pas décru. (...) Quand on regarde les chiffres, les choses apparaissent clairement, on voit même dans quels États des USA les enfants sont morts. Ce sont les États où les retombées de Tchernobyl ont été les plus conséquentes : sur la côte Ouest, en Alaska à Hawaï et dans les montagnes de la Nouvelle-Angleterre. »
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« On sait aujourd’hui qu’au-dessus d’une certaine dose, on obtient des effets connus et identiques d’un sujet à un autre : c’est le domaine « déterministe » qui commence, en gros, au-delà de 200 mSv d’irradiation du corps entier. Au-dessous, se situerait le domaine « stochastique » où les effets ne sont détectables que statistiquement et à long terme, sur des groupes suffisamment importants étudiés par les méthodes de l’épidémiologie : c’est la zone dite des « faibles doses », objet d’un vaste débat. »
Comme me le précise le docteur Paul Combette, président de l’ORS de Corse dans mon livre Tchernobyl Aujourd’hui les Français malades ! : « Les conséquences d’une irradiation à faible dose sont préoccupantes. Plus l’exposition aux radiations a été longue et plus le risque est important de voir apparaître des cancers au bout de quelques dizaines d’années, en particulier des cancers des poumons et des leucémies. »
Le docteur Abraham Béhar[4], Prix Nobel de la Paix en 1985 précise : « Le problème des faibles doses comporte deux volets : le rôle de la porte d’entrée et le rôle de l’organe qui va concentrer les substances. La question qui intéresse aujourd’hui les radiologistes est la porte d’entrée. En effet, l’aérosol qui va tout de suite attaquer les poumons a comme conséquence d’entraîner, plus particulièrement chez l’adulte, un nombre vérifié excessif de cancers du poumon. Le terrain est aussi très important : il existe des populations à risque, par exemple les fumeurs. Un fumeur ne va pas seulement risquer un cancer induit, il va risquer ce que l’on appelle un cancer favorisé. »[5]
Pour le professeur Jay GOULD[6] : « Les faibles doses sont redoutables à cause de leur effets à long terme. PETKAU, un physicien canadien, a démontré il y a plusieurs années que les effets des faibles doses sont de type logarithmique, à savoir concave vers le bas, ce qui signifie que c’est avec les faibles doses que les risques sont les plus grands. » [7]
Maurice TUBIANA, cancérologue, président de l’Institut Gustave Roussy de Villejuif, de 1982 à 1988, écrivait le 15 janvier 1980 : « Si la proportion de sujets irradiés est faible, les gènes mutés sont dilués et l’effet global est faible ; mais si beaucoup de sujets sont irradiés, même à faibles doses, ceci entraîne un accroissement de la fréquence des tares ». Prenons en note !
Aux États-Unis, la publication de l'Étude de MANCUSO, STWART et KNEALE en 1977 a fait l'effet d'une véritable bombe pour les officiels du nucléaire. Cette étude a démontré pour la première fois qu'il n'existe pas de seuil en dessous duquel le rayonnement n'aurait pas d'effet cancérigène. Il est apparu que le risque cancérigène des faibles doses est dix fois supérieur aux estimations fondées sur l'étude effectuée sur les survivants des villes japonaises bombardées durant la dernière guerre.
L’Américain John W. GOFMAN, un des pères du nucléaire aux USA conteste publiquement les thèses officielles sur la radioactivité. Il a d’ailleurs déclaré : « D’après toute norme raisonnable basée sur des épreuves scientifiques, il n’existe aucune dose sûre. »[8] C’est d’ailleurs lui, qui d'après les chiffres officiels des débits de dose fournis par les autorités de chaque pays aux organisations internationales, soit une dose moyenne de 48 mRad pour le césium137, qui estimera à 9 500 morts par cancers sur l'ensemble de la population française le résultat de la catastrophe de Tchernobyl, surtout dans les zones les plus touchées, Corse, région PACA, Drôme, Ardèche, Bas-Rhin, Haut-Rhin, etc. Or nous savons, à présent officiellement, que ces chiffres ont été largement sous-estimés, puisque la France, par l'intermédiaire de Monsieur Pellerin avait donné « LOW » comme indication. Ses chiffres d’estimation de cancer, suite à Tchernobyl, s’élèvent à 475 000 cancers dans le monde.
Monsieur CHARPAK précise dans son livre De Tchernobyl en Tchernobyls page 111 : « Cette assimilation de l’effet des faibles doses à une roulette russe est vigoureusement rejetée par ceux qui estiment qu’il existerait un seuil de radiation au-dessous duquel les cellules humaines auraient une défense presque absolue. Cependant, tout organisme officiel responsable de santé publique fera l’hypothèse que toute irradiation à faible débit de dose entraîne un certain risque de cancer par sieverts de dose collective et la Commission international pour le protection contre les rayonnements considère que ce risque est équivalent à la moitié du risque par sievert à forte dose. »
Monsieur Denis BARD, épidémiologiste à l'IPSN, à l’époque, et de ce fait, insoupçonnable d’être un anti-nucléaire, a également déclaré : « Si on veut être prudent, on peut considérer qu'il n'existe pas de seuil en dessous duquel il n'y a pas de problème ».
Ainsi, pour le professeur BELPOMME : « Ce n’est pas tant la quantité totale de dose reçue que sa répartition, éventuellement à faibles doses, qui est à l’origine des cancers. Chaque dose reçue, aussi faible soit-elle, pouvant être à l’origine d’un effet génotoxique irréversible, c’est-à-dire d’une mutation qui se perpétuera au cours des divisions cellulaires. À la différence des phénomènes de toxicité classique, dans les processus de cancérisation, il n’y a donc pas de dose-seuil, autre que celle liminaire, capable d’induire une mutation. Si les normes réglementaires fixant les doses toxiques à des seuils les plus bas possibles peuvent rassurer, ces seuils sont en réalité le plus souvent encore trop élevés pour éviter l’apparition de cancers. »
Pour le Comité Européen sur le Risque de l’Irradiation, (CERI) crée en 1997 qui voulait être indépendant de la Commission Internationale de Protection contre les Radiations (CIRP), il est largement admis : « Qu’il existe suffisamment de preuves démontrant qu’une exposition de faible dose due à des matériaux radioactifs artificiels provoquait des problèmes de santé, et que les modèles conventionnels de la CIRP et ceux d’autres agences qui utilisent les mêmes modèles d’évaluation des risques, n’ont aucunement prévu ces effets. »
Le professeur BELPOMME écrit dans son livre Ces maladies crées par l’homme : « Dans le cas de Tchernobyl, on est en présence d’un effet de dilution des doses d’irradiation et on ne sait rien, ou presque, de l’effet cancérigène de très faibles doses ».
Georges CHARPAK considère comme conclusion irréfutable que : « même à des faibles doses de radiation reçues à faibles débit, il y a encore une relation linéaire entre le rayonnement reçu et les cancers qu’ils provoquent. (…) L’hypothèse d’une relation linéaire entre la dose de radiation et les morts causées par les cancers implique que les faibles doses de radiation (y compris la radiation naturelle) causent des morts et qu’il n’existe pas de seuil d’innocuité. Cependant au niveau individuel, les morts dues aux faibles doses de radiation ne peuvent être distinguées des autres causes de cancers. Quand le Commissariat à l’énergie atomique écrit pour la France : « L’accident de Tchernobyl n’a eu aucune conséquence statistiquement observable sur la santé dans notre pays », c’est vrai mais incomplet : le nombre de morts causées n’est pas statistiquement observable ou statistiquement significatif, face à l’énorme proportion (20 %) de personnes mourant de cancer qui ne sont pas dus à la radiation, mais cela ne veut pas dire que ce nombre soit égal à zéro. » L’auteur de ces lignes, Prix Nobel, reconnaît donc implicitement que Tchernobyl peut avoir provoqué des morts par cancer en France.
Georges CHARPAK est d’accord avec le professeur TUBIANA lorsque celui-ci écrit : « le risque des faibles doses est certainement extrêmement faible », mais, il souligne dans son livre, être « en profond désaccord lorsqu’il (Tubiana) suggère que le risque devrait être ignoré. » Comme il l’explique, il estime qu’une dose de 1 mSv, soit l’équivalent d’une année de rayons médicaux par Français, en moyenne, conduit à une très petite probabilité de 1 sur 25 000 de mort par cancer. Mais si l’on considère un pays de 60 millions d’habitants, cela donne 2 400 morts par ans…
Toujours dans son livre, Georges CHARPAK estime : « En utilisant le cœficient de la commission, nous estimons que la radiation libérée lors de l’accident de Tchernobyl a causé environ 30 000 morts par cancer mortels, et que nous nous tenons à mi-chemin entre celui qui les estime à 475 000 et ceux qui répondraient sans hésiter que l’effet est voisin de zéro. »[9]
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« à la fois le porte-parole et le maître d’ouvrage d’un collectif créé pour la circonstance, baptisé « vérité Tchernobyl », dont je me propose d’être » comme il le précise « demande donc de faire jouer à plein vos réseaux électroniques, listes, carnets d’adresses et accointances diverses pour convaincre universitaires, professeurs et enseignants de toutes spécialités, praticiens, scientifiques, techniciens, cadres moyens et supérieurs de la fonction publique ou du secteur privé, de joindre leurs signatures à celles de Dominique Vignon, de Jacques Bourdillon, d’Henri Lehn, de José Romélé, d’Alain De Tonnac et de François Poizat (1). Je prie nos amis et leurs amis de faire converger vers ma boîte à lettres le nom, le prénom, la qualité (éventuellement les titres) et les coordonnées de tous ceux qui se dévouent notoirement pour la nation (2) - ou l’ont fait durant une vie laborieuse exemplaire - et qui consentent à se joindre à l’action. Le caractère éminent de leur position socioprofessionnelle n’est surtout pas requis. Toutefois, la signature de nos « Nobel », des représentants du corps médical, du haut encadrement présent et passé d’EDF et de personnalités de référence, comme Henri Métivier de la SFRP, donnerait un relief particulier au caractère solennel de l’appel. »
Heureusement, tout le monde scientifique ne cautionne pas…
Force m’est de constater que du groupe de scientifiques ayant travaillé sur le Bulletin d’Epidémiologie Hebdomadaire n° 35 de 2003 sur les cancers de la thyroïde chez les enfants, Claire SCHVARTZ est la seule à avoir son nom au bas de ce texte. Ni Marc COLONNA du registre des cancers de l’Isère, ni Pascale GROSCLAUDE du registre des cancers du Tarn, ni Laurent REMONTET du laboratoire de statistiques, co-signataires du BEH n’ont cautionnés le message aux malades de la thyroïde de Libération ni cet appel solennel à la presse française. Il en est de même de Brigitte LACOUR du registre des Lorraine et qui est à présent responsable du registre des cancers enfant, comme de son collègue le professeur BERNARD, responsable du registre des cancers PACA-Corse.
Aucun des signataires du rapport IPSN-InVS de décembre 2000 ne sont également présent sur cette liste. Madame Elisabeth CARDIS[10] du CIRC de Lyon, spécialisée sur les cancers de la thyroïde en Europe n’a pas signé cette lettre ni la page de Libération, tout comme les professeurs Dominique BELPOMME, Georges CHARPAK, Florent de VATHAIRE, ni aucun des scientifiques signataires de l’Appel de Paris[11] qui a recueilli l’adhésion et l’appui de personnalités éminentes telles que les deux Prix Nobel de Médecine français, les Professeurs François JACOB et Jean DAUSSET, de nombreux membres des Académies des Sciences et de Médecine parmi lesquels les Professeurs Jean BERNARD, Yves COPPENS, François GROS, Lucien ISRAEL et Luc MONTAGNIER.
Même le professeur André Aurengo, Chef du service de médecine nucléaire du Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière qui siège au Conseil d'administration d'EDF, et expert auprès de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) et qui a déclaré : le 31 janvier 2002, depuis Ajaccio où il s'était déplacé pour mener sa croisade pronucléaire : « Il n'y a pas d'argument scientifique qui conduise à penser que l'augmentation du nombre de ces cancers soit lié à un "effet Tchernobyl", dont les conséquences sont probablement négligeables en France », même lui n’a pas osé signer cette lettre.
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Le sieur PELLEN écrit : « L’Histoire jugera et ne manquera pas de sanctionner le journalisme français contemporain avec d’autant plus de sévérité qu’il n’aura pas su se ressaisir et reconsidérer une unanimité d’appréciation de l’évènement par trop suspecte, pendant qu’il le pouvait. Non seulement il le peut encore, mais il le devrait plus que jamais, dans l’intérêt de notre démocratie. »
Monsieur, l’Histoire jugera, effectivement,
et vous n’en sortirez pas grandit !
[1] Le Monde 13.07.06.
(1) Vosges, ville de l'Est de la France où il a le plus plut le 3 mai 1986 : 33 mm d'eau.
(1) Interview, E.D.J. du 18 au 24 avril 1996.
[2] Characteristic of the Tchernobyl radioactivity in Quebec – J.C. Roy, J.E. Côté, J. Turcotte, A. Mahfoud, S. Villeneuve and L. Lacombe; Department of Chemistry Université de Laval Québec.
[3] W.R. Schell, J. Rosen, D. Strom, J. Yusko, Annual Health Conference Pennsylvania Public Health October 9-10, 1986 State College, Pennsylvania.
[4] Président de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, IPPNW.
[5] Emissions : Dans le secret du nucléaire – France 2.
[6] Président du Projet de Santé Publique – New York.
[7] Tribunal Permanent des Peuples. Edition Ecodif.
[8] Extrait de sa monographie « Radiation Induecd Cancer from Low-Dose Exposure » et cité dans une lettre ouverte au grand public en date du 11 mai 1999, signée John W. Gofman, M.D., PhD.
[9] De Tchernobyl en Tchernobyls, page 121.
[10] Chef du programme : Radiations et Cancer au Centre International de Recherche sur le Cancer de Lyon. Co-auteur de What is Feasaible and Desirable in the Epidemiologic Follow-up of Tchernobyl by Elisabeth Cardis and Alexey Okeanov préparé pour la conférence de Minsk, mars 1996 ; One decade after Tchernobyl by Elisabeth Cardis, AE Okeanov, L. Nspaugh, K. Mabuchi, VK. Ivanov and A. Prisyazhniuk, conférence internationale de Vienne en avril 1996.
[11] http://www.artac.info/static.php?op=AppelPremPage.txt&npds=1"